Comment mettre un patrimoine familial au service des plus démunis

Un peu d’histoire…

Louis de Merode (1821-1876) ainsi que son épouse Léonie de Rochechouart- Mortemart sont à l’origine d’une fondation qui œuvre dès le départ au sein du quartier des Marolles au bénéfice des plus démunis.

Bien avant que l’enseignement ne soit rendu obligatoire, ils fondent l’école Saints Louis et Agathe, rue Monserrat, afin que la paroisse des Minimes puisse disposer d’une école libre et catholique. Surnommée « Marmitje School » ou « Ecole de la Petite Marmite », elle assurait un repas quotidien aux enfants pauvres à condition qu’ils viennent à l’école. Seule exigence : amener avec soi une petite marmite. Aujourd’hui encore, le souvenir de cette « Marmitje » reste vivace !

En 1932, la Fondation est érigée en asbl afin de pouvoir jouir des avantages de la réforme juridique des fondations. En mars 1935, l’évolution de la réglementation sur l’enseignement entraîne la fermeture de l’école. L’asbl devient alors le « Centre d’Œuvres de Merode » (C.O.M.). 

Jean de Merode (+ 1933 )  fut le premier président de la fondation transformée en asbl. Le flambeau sera repris par le neveu de ce dernier, Louis (+ 1949) puis par un fils de Jean, Amaury de Merode (+ 1980 ), grand-maréchal de la Cour, qui lèguera sa tâche à Alexandre (+ 2002), le médiatique vice-président du Comité international olympique. Actuellement, c’est le très actif Amaury de Merode qui préside aux destinées de l’Œuvre.

En 1954, l’arrivée de l’abbé Jacques Van der Biest dans la paroisse des Minimes marquera un tournant décisif au sein du quartier des Marolles.

Juin 1969, trois îlots autour de la rue Montserrat sont menacés de destruction en vue de l’extension du Palais de Justice. La population refuse cette situation. La « bataille des Marolles » est engagée. Après moult actions de protestation, les habitants voient leurs efforts récompensés, l’arrêté d’expulsion est abrogé !

Si dans la tourmente de la menace d’expulsion quelques bâtiments sont malgré tout expropriés, ils ne sont pas démolis mais revendus à des sociétés de logements sociaux puis rénovés. Une nouvelle politique est née : pour loger convenablement les familles en situation précaire, il faut rénover et remodeler les espaces trop exigus. Plus de démolition pour construire des clapiers sociaux, solution inhumaine pour des milieux modestes qui ont besoin de l’environnement direct de la rue.

A partir de 1980, affecté par l’érosion monétaire, le patrimoine financier au service des Marolliens depuis plus d’un siècle est transformé en patrimoine immobilier, un moment clé dans la réorientation des capitaux du C.O.M. Un coup de génie – si l’on prend en considération l’actuelle plus-value immobilière de ce quartier – lancé par le combatif Abbé Jacques Van der Biest et son Président d’alors, le regretté Prince Alexandre de Merode !

Plusieurs habitations sont ainsi acquises et ensuite rénovées. Leur utilisation répond à un principe invariable : le rez-de-chaussée est attribué à une œuvre à but caritatif ou de bienfaisance. On citera par exemple le Comité Général d’Action des Marolles (CGAM) ainsi que le CARIA, une asbl s’investissant dans des projets d’éducation permanente, de cohésion sociale et de citoyenneté. Destinés aux logements, les étages sont réservés à des familles en situation de précarité moyennant des loyers très modiques.

La pauvreté n’est pas que liée à l’argent. Pour diverses raisons, elle est surtout due à l’impossibilité pour tout un chacun de trouver un travail et un toit. Disposer d’un logement, c’est déjà l’assurance d’une certaine sécurité. Le Centre d’Œuvres de Merode s’y emploie.

Loin de toute spéculation immobilière, cette politique responsable pérennise la tranquillité des Marolliens les plus fragiles. Comment illustrer de plus belle façon la devise des princes de Merode : « Plus d’Honneur que d’Honneurs » ?

– Descriptif écrit par le Chevalier Nicolas van Outryve d’Ydewalle en octobre 2011 –

En 2012, le Centre d’Œuvres de Merode reprend l’organisation des concerts d’été de l’église des Minimes. Pour cette activité, le premier principe du C.O.M. est d’aider les jeunes, dans ce cas, des artistes musiciens, à développer leur art et à se faire connaîitre. Le second principe est que la musique permet de participer à l’intégration des cultures et cela au cœur la Marolle qui  se compose d’habitants de nationalités et de cultures très diverses. La population des Marolles est composée de personnes venant de plus de 80 pays.

L’été 2018, le Festival doit quitter l’église des Minimes … Contraint d’abandonner ces lieux qui lui étaient si  chers, le Festival est chaleureusement accueilli dans la salle de concerts des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Une nouvelle perspective s’offre au projet; celle de réunir différentes disciplines artistiques en un même lieu: la peinture, la sculpture et la musique.